Rencontre avec Steffen Beuch, sélectionneur avoine de printemps

Avec une part de marché de 23 % environ, Nordsaat, actionnaire de Saaten-Union, est le leader européen de l’avoine. Ses programmes assurent à Saaten-Union un portfolio régulièrement renouvelé malgré la durée requise pour créer une variété (13 ans !). Un travail de proximité avec la filière permet d’offrir des variétés de qualité pour l’agriculteur et les filières.

 

En France, nos obtentions représentent plus de 30 % des surfaces de multiplications en avoine de printemps en 2019.

Steffen Beuch, sélectionneur avoine de printemps chez Nordsaat, nous partage son expérience.

Quels sont les différents types d’avoines utilisés en Europe ?

"On distingue premièrement l’avoine de printemps et l’avoine d’hiver. La grande majorité des pays européens cultivent exclusivement de l’avoine de printemps, à l’exception de la France et du Royaume-Uni.

Le second critère de différenciation concerne la couleur de l’enveloppe : les avoines blanches et jaunes sont les plus répandues en Europe. Là encore, la France fait exception, étant le seul pays à ne pas cultiver d’avoine jaune, mais à cultiver de l’avoine noire (en proportions plus ou moins équivalentes avec l’avoine blanche).

Il existe aussi l’avoine nue qui, elle, possède un rendement énergétique plus important

Il est important de souligner que la couleur n’a aucun impact sur la qualité ni les procédés de fabrication. La préférence est avant tout visuelle pour les utilisateurs finaux, qui vont préférer une couleur claire. Il est donc surprenant que la France mette de côté l’avoine jaune, qui élargirait pourtant le choix variétal."

Quels sont les débouchés, et les principaux critères de sélection qui en découlent ?

"Le principal débouché de l’avoine est l’alimentation animale, en autoconsommation ou en fabrication. En résumé, la préférence s’oriente vers une culture facile et bon marché. En sélection, nous concentrons donc avant tout nos efforts sur le rendement, le profil sanitaire (oïdium, rouille couronnée, septoriose) et la tolérance à la verse, pour assurer un maximum de rusticité au champ. HUSKY, issue de notre programme de sélection, est particulièrement performante face à l’oïdium et la verse (notes de 7). KEELY nouveauté en croissance, est arrivée 1ère de nos essais 2019 en France avec 113% face à Albatros.

Vient ensuite l’alimentation humaine, débouché en augmentation notamment en Allemagne. La filière est ici plus exigeante sur la qualité du grain en vue de faciliter les procéder de transformation. Nous regardons alors de près la qualité d’amande (pour laquelle IVORY est une référence historique), la facilité de décorticage, et le calibre de la récolte. HARMONY est l’une des meilleures variétés du marché sur ce dernier critère.
L’avis des industriels occupe ici une place centrale : HUSKY est par exemple déjà reconnue par la floconnerie, et KEELY est en cours de validation.
On retrouve par ailleurs en alimentation humaine un risque mycotoxines à surveiller (en France, DON exclusivement).

Il faut aussi noter que le bio occupe une part croissante du marché avoine. En 2018, 15 % des surfaces de multiplication françaises étaient concernées, pour atteindre 23 % en 2019."

Vous sélectionnez l’avoine de printemps depuis 20 ans. Quel conseil auriez-vous pour l’agriculteur ?

"L’élément le plus frappant est la différence observée entre le rendement des essais de sélection (plus élevé) et le rendement sur l’exploitation. Souvent sous-estimée et peu suivie par l’agriculteur, l’avoine a pourtant un potentiel inexploité qui peut s’exprimer facilement sans coût supplémentaire.

Par exemple, atteignant la maturité en même temps que le blé, la récolte de l’avoine est souvent reportée alors qu’elle bénéficie d’une fenêtre optimale plus réduite. Un simple décalage de la récolte permettrait ainsi un meilleur rendement en fin de cycle."


Zoom sur les débouchés de l'avoine

L'avoine possède de nombreuses qualités nutritionnelles pour l'homme, mais plus de la moitié de la production reste destinée à l'alimentation animale.

Viennent ensuite les exportations à destination notamment de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays-Bas. L’Allemagne utilise une quantité croissante d’avoine pour l’alimentation humaine et est l’un des premiers pays transformateurs d’Europe.


Source : FranceAgriMer 2019