Semis de blé tendre décalés : quel impact sur le comportement variétal ?

Face aux conditions particulièrement difficiles de l’année, les semis de blé tendre sont reportés dans beaucoup de régions. Le cycle variétal joue ainsi un rôle important dans la bonne évolution de la culture en cas d’implantation tardive : à quelles caractéristiques faut-il s’intéresser ?

Le mois d’octobre 2019 s’est distingué par ses précipitations, avec certaines régions comme la Bretagne cumulant plus de 200 mm sur le mois, soit plus de 200 % des précipitations habituelles sur la zone. Le mois de novembre se poursuit avec, lui aussi, des mesures dépassant les records datant de 1982 en Aquitaine (parfois plus de 400 mm en deux semaines !).

Des conditions impactantes en pleine période de semis des céréales à paille et notamment du blé tendre. Au 22 novembre, seuls 74 % des semis français sont effectués. Les régions les plus touchées sont la Bretagne et l’Aquitaine avec 20 à 30 % des surfaces semées contre 97 % à cette même date en 2018*. Ces retards impliquent une durée d’implantation plus faible pour la plante et impacteront sont comportement… selon son cycle végétatif. Il faut alors rester vigilent sur certains paramètres clés.

*FranceAgriMer, rapport Céréobs du 18/11/2019.

L’alternativité au cœur du besoin en vernalisation

La vernalisation traduit le besoin du blé de séjourner à de basses températures lors de ses premiers stades. Elle peut débuter dès la germination, par des températures comprises idéalement entre 3 et 10 °C.

L’alternativité permet de mesurer la durée de vernalisation dont une variété a besoin pour relancer sa croissance (de 60 à 15 jours). Plus une variété est alternative, plus elle sera à même d’épier en cas de vernalisation réduite. La date de semis déterminant la durée d’exposition de la variété à ces températures, il faut être particulièrement attentif à sa note sur ce critère.

La précocité à épiaison pour limiter le risque d’échaudage

Au-delà de la vernalisation, le blé d’hiver a besoin d’accumuler une certaine somme de température pour chaque étape de son cycle. Un semis tardif implique un retard dans cette accumulation : l’épiaison, stade particulièrement sensible, peut alors être repoussée vers les mois les plus chauds et provoquer un échaudage.

Une variété précoce à épiaison impliquera un besoin moindre en accumulation de température et donc une épiaison plus précoce, permettant d’éviter ce risque.

Recommandations variétales associées

L’alternativité et la précocité à épiaison constituent ainsi deux caractéristiques essentielles du cycle de la variété. Leur combinaison permet d’évaluer la période limite de semis permettant à la variété à la fois de combler son besoin en vernalisation et d’éviter le risque d’échaudage.

Des variétés sont adaptées à ces conditions de semis particulières de par leurs notes sur ces deux critères. Les recommandations ci-dessous s’y appuient pour offrir des repères en termes de période limite de semis, mais sont bien sûr à ajuster en région auprès de votre conseiller.

RégionVariétéAlternativitéPrécocité à épiaisonPériode limite de semis possible
Zone Nord LoireCHEVIGNON36 (finition rapide)Début décembre
CREEK66 (finition rapide)Mi-décembre
MACARON47 (finition rapide)Fin janvier
SU ASTRAGON47 (finition rapide)Fin janvier
Zone Sud LoireCENTURION37,5 (très précoce)Fin décembre
MACARON47 (finition rapide)Fin janvier
SU ASTRAGON47 (finition rapide)Fin janvier

L’offre génétique actuelle offre une certaine souplesse vis-à-vis de la date de semis. De bonnes conditions d’implantation, déterminantes pour la suite, restent donc à privilégier.

La densité de semis, facteur essentiel à adapter

Un semis décalé impacte également les conditions de levée de la culture. Des pertes plus élevées peuvent être observées dans les conditions froides et humides de cette période, et la capacité de tallage du blé peut être altérée. Pour assurer un nombre décent de plantes par m², une augmentation de la densité de semis est préférable :

  • En bonnes conditions (limons profonds et ressuyés) : 350 à 400 gr/m²
  • En conditions difficiles (parcelles superficielles ou hydromorphes) : 400 à 420 gr/m²