Les grandes étapes de la production de semences

Requérrant une haute technicité, la production de semences met à contribution différents acteurs, agriculteurs, établissements multiplicateurs, techniciens, tout au long de la campagne de production.

Le semis

Chaque agriculteur multiplicateur reçoit la quantité nécessaire en semences de bases de chacun des parents. Les semences de base des deux lignées parentales sont semées en bandes alternées de 3 à 8 mètres de large pour le parent porte-graine (« femelle ») et de 3 à 4 mètres pour le parent pollinisateur (« mâle »), soit en utilisant deux semoirs, soit avec un seul semoir à trémie cloisonnée.

Ces semences de base sont fournies dans des sacs de couleur différente pour éviter le risque de confusion, et conditionnées en doses de 500 000 grains.

L'application de CROISOR®

Le CROISOR® est l’agent d'hybridation utilisé pour stériliser la lignée « femelle » (absence de production de pollen), ce qui permet de favoriser le croisement entre les lignées en empêchant l’autofécondation.

Peu de temps avant la période favorable au traitement de stérilisation, l'agriculteur reçoit la quantité de CROISOR® correspondant à sa surface de porte-graine à traiter. La date de traitement est déterminée en fonction du stade physiologique des plantes. La dose exacte est déterminée en fonction de la variété et des conditions de température et d'humidité.

La fécondation

Au moment de la floraison, les fleurs du porte-graine, qui ne contiennent pas de pollen fécondant, s'ouvrent. L’objectif du parent pollinisateur est d’émettre au même moment du pollen qui vole jusqu'au porte-graine, les ovules seront alors fécondés et produiront une semence hybride.

S'il n'y a pas de pollen, la fleur reste vide et ne produira pas de grain. Selon les croisements et les conditions de l'année, la pollinisation croisée est plus ou moins complète. En moyenne cependant, le rendement du porte-graine ne représente qu’environ la moitié de celui qu'il aurait été sans stérilisation.

Le contrôle de l'hybridité

Pour être commercialisés comme hybrides, la réglementation exige qu’au moins 90% des grains récoltés soient le fruit de la fécondation croisée et non pas d'une autofécondation. Comme en apparence rien ne distingue un grain hybride d'un grain qui ne l'est pas, les semenciers utilisent différentes techniques pour contrôler le taux d'hybridité.

La réussite du traitement est d'abord contrôlée par l'observation visuelle d'une décoloration partielle de la plante (réaction de défense de la plante se traduisant par une perte de glaucescence des feuilles) et par un tassement des entre-nœuds (l'agent d'hybridation est aussi un régulateur de croissance). L'épreuve de vérité est la mesure du nombre de grains éventuellement présents sur les épis traités mais préservés d'une pollinisation : des cages couvertes d'un filet perméable à l'air et à l'eau mais imperméable au pollen sont disposées à intervalles réguliers dans les bandes traitées. Chacune de ces cages emprisonne plus d’une vingtaine d'épis qui servent de témoins.

Après pollinisation, on retire les filets. Si les épis ne contiennent pas de grain, c'est le signe qu'ils étaient bien stériles. S'ils en contiennent, c'est le signe que la plante a produit du pollen, et que le grain n'est pas hybride : il y a eu autofécondation.

Après récolte, s'il subsiste des doutes, on réalise une électrophorèse des grains, afin de vérifier s'ils sont du même type hybride ou bien du type de la lignée

La récolte et le tri des semences

Le porte-graine et le pollinisateur sont récoltés et livrés séparément à l'établissement-multiplicateur.

Le pollinisateur est mis à part, seul le grain issu du porte-graine constitue la semence hybrides et subit les opérations industrielles :
> de triage (élimination des débris étrangers, des graines d'autres plantes, des grains cassés, abîmés ou fusariés)
> de traitement (produit de protection des semences + pelliculant pour améliorer la fluidité et réduire les poussières)
> conditionnement (sacs-doses).

Les installations de triage comportent nécessairement une table densimétrique et de plus en plus souvent un trieur optique à haut débit (élimination des sclérotes et grains tâchés).